Nous dénonçons les maisons laissées vides par l’État!

La saga continue. Mercredi passé, le 25 janvier, nous avons donné une conférence de presse devant une maison de l’État, abandonnée depuis quelques années maintenant. Il s’agit de la route de Meyrin 28c, ancien foyer, occupé brièvement en 2015 par le mouvement No Bunkers afin de dénoncer la politique du vide.

Discours prononcé par les habitant.e.s de Malagnou le 25.01.17

Nous, habitantEs de la maison de Malagnou, sommes heureusEs de vous accueillir ici pour un nouveau rassemblement. Le dernier remonte à l’année passée et n’a pas porté ses fruits. En effet, le Conseiller d’Etat M. Serge Dal Busco reste hermétique à nos propositions de rencontre et continue par ailleurs sur la lancée du mensonge et de la mauvaise foi.

Notre seule occasion de le rencontrer a été de le surprendre lors de l’inauguration du CMU le 21 novembre 2016. Lors de cette discussion Serge Dal Busco a affirmé que si nous trouvions une maison vide disponible pour l’Hospice Général, le renouvellement de notre bail ne serait plus remis en question; affirmation qu’il s’est empressé de nier dans un courrier a postériori. Qu’importe ; en juin 2016, l’État nous promettait un bail pour ensuite se défaire de sa parole sans le moindre scrupule. M. Dal Busco ment de manière éhontée, mais nous l’avons pris au mot, et nous nous sommes donc intéresséEs au parc immobilier de l’Etat de Genève.

Nous somme donc raviEs de vous accueillir devant cette maison qui pourrait sûrement, avec un peu de bonne volonté, accueillir des personnes en exil. Cette maison est vide et le restera tant que personne ne s’attaquera à la question des logements laissés vacants par l’État de Genève. En effet, qui aurait pu imaginer que l’État se comporte comme une régie immobilière genevoise, c’est-à-dire laisse effrontément des espace d’habitations vides pendant de longues périodes? Qui plus est, qui eût cru que l’Etat genevois, qui prétend sans cesse faire le maximum pour résoudre la crise du logement, préfère, par facilité, étendre la logique du vide au sein de son parc immobilier ?  Cette maison n’est pas un cas isolé, elle n’est pas l’exception à la règle. Lors d’une petite promenade matinale, nous avons pu décorer de banderoles similaires d’autres maisons laissées en ruine, propriétés de l’État de Genève. Le scandale liés à ces bâtiments est de notoriété publique, nul doute cependant que ces cas ne sont pas isolés et que l’État de Genève préfère détruire certains bâtiments que de faire en sorte qu’ils puissent être habités.

Chemin du Bac 20 : maison vide depuis avril 2014. Suite au refus de l’Hospice d’y loger des personnes, l’État avait saccagé la maison en 2015 pour la rendre inhabitable en vue d’un projet de construction de logement au début de l’été 2016.
Avenue Joli-Mont 12 : S’il est difficile de savoir depuis quand l’État s’est déresponsabilisé de cette maison en la laissant inhabitée, il est certain que le projet datant de 2013 et accepté en 2015, prévoyant de construire des immeubles de logements n’est pas près de voir le jour. La maison sise au 14 de la rue, après avoir été vide un certain temps, est maintenant louée. Le projet englobe les deux bâtiments, il est alors difficile de comprendre le refus de mettre à disposition le numéro 12.
Passage Soubeyran 3b : Entre 2013 et 2016, les maisons sises au 3 et au 3a du passage Soubeyran sont restées vides, elles sont aujourd’hui démolies, laissant la place à une friche abandonnée. La maison sise au 3b est, quant à elle, toujours débout, mais l’État a fait en sorte qu’elle soit inhabitable en saccageant fenêtres et toit.
Passage Soubeyran 5b : La maison au numéro 5b, qui n’a pour l’instant aucun projet de démolition, est également déserte.

Mr Serge Dal Busco, dans sa lettre malhonnête qui a suivi notre discussion au CMU, affirme que si une maison vide existe, elle sera pour les personnes migrantes  ; AINSI SOIT-IL !

Nous l’avons dit et nous le répétons : nous sommes solidaires des personnes en exil. Ce qui nous révolte actuellement est que:

–  L’Etat de Genève tente d’opposer deux populations précaires, en les mettant en concurrence sur un sujet aussi vital que le logement.
–  L’Etat de Genève utilise le grave problème du logement des personnes migrantes comme prétexte pour détruire notre projet collectif qui a pour seul tort de ne pas être à son goût.
– L’Etat de Genève se passe bien d’une quelconque attention à notre existence en temps que personnes et agit avec son autoritarisme aveugle et habituel.
– Enfin, l’Etat de Genève prétend s’attaquer au problème du logement alors qu’il laisse volontairement des bâtiment vides et sans projet.

A la fin du mois de décembre l’Etat de Genève était incapable de présenter un projet concret pour la transformation de notre maison en foyer. Et pour cause, il n’y en a pas! Il y a fort à parier que suite à une énième visite dans notre maison, l’Hospice général a maintenant été pressé de trouver une ébauche de projet, mais nous restons convaincuEs que celui-ci n’est qu’un prétexte.

Par ailleurs, vous avez devant vos yeux le résultat des efforts de l’état de Genève pour loger des personnes en exil: une maison vide!

Cette maison avait été brièvement occupée par le Collectif d’occupation du Grütli, et pourrait être habitée depuis déjà deux ans par des personnes migrantes, leur offrant un habitat assurément meilleur qu’un abris PC !

Ce vendredi 27 janvier à 17h, le collectif Perce-Frontière organise une manifestation pour un accueil digne des personnes en exil. Nous y serons parce que nous savons que les personnes qui sont solidaires et attentives au sort des personnes en exil agirons là-bas et non dans un bureau froid de l’Hospice Général. Nous y serons et continuerons d’y être pour dénoncer les maisons volontairement laissées vides. Nous y serons, parce que seul le combat mené par les collectifs d’exilé.e.s et leurs soutiens a permis l’ouverture du foyer d’Appia, voué maintenant à la destruction, et a empêché la destruction du foyer de Frank-Thomas, conservant un lieu pour quatre années encore.

Nous ne partirons pas de notre maison et campons ferme sur nos positions. L’État doit renouveler notre bail comme promis, afin que nous puissions poursuivre notre projet d’habitat collectif. Nous exigeons aussi la paix dans le monde et au-delà !

Merci pour votre attention, A bientôt, seule la lutte paye!